Vallée des ALDUDES randonnée à titre individuel du 27 au 30 septembre 2021

Impressions basques

La vallée des Aldudes, un long sillon qui s’ouvre en Basse-Navarre,de Saint-Etienne de Baïgorry  jusqu’au Pays de Quint .

Tout au fond, coule l’affluent de La Nive, artère vivante de cette profonde fissure où les hommes ont semé leurs maisons et planté leurs villages, murs blancs et balcons couleur de sang ; de part et d’autre, des prés verts, luisants de rosée où paissent tranquillement les troupeaux de brebis et quelques chevaux sauvages échappés de leur enclos ; plus haut, hêtres, chênes et bouleaux peuplent les forêts qui grimpent vers les sommets tandis que les fougères roussissent les adrets. Voilà le décor est planté au sol, mais dans le ciel, c’est un autre paysage qui se dessine : soleil, nuages, vent se disputent l’espace, chacun veut sa place et son temps. C’est dans ce tableau mouvant que viennent tourbillonner les grands vautours fauves, les maîtres des airs. Entre les deux étages, flottent des écharpes de brume, restes d’une nuit mouillée.

Au fil du temps, sous l’œil de la Nature, l’eau et la roche ont créé un paysage unique  qui pourrait inspirer tout peintre impressionniste ou pas.

MBN

 

 

Peindre un tableau basque

 

Peintre, prends ta palette et tes pinceaux

Et choisis de belles couleurs,

Il te faudra toute une gamme de verts :

Un vert pur, lumineux, pour les prés du fond de la Vallée,

Un vert citron pour les pentes baignées de soleil,

Un vert mystérieux, plus sombre pour les forêts profondes,

Un vert anis pour les bogues qui roulent sur les chemins,

Et puis tu créeras un blanc, le plus éclatant, le plus blanc de tous,

Pour habiller les murs de chaque maison,

Un blanc qui ne souffre d’aucune ombre, d’aucune égratignure,

Et, sur cette blancheur immaculée,

Tu poseras à bon escient et sans bavures,

Quelques gouttes de rouge sang, le sang du combat et de l’honneur.

Vert, blanc et rouge, trois couleurs qui font la fierté des Basques.

 

 

Maintenant c’est le moment de faire les mélanges,

Une opération délicate qui demande du doigté

Et pour la touche, un peu de légèreté.

Du rouge et du vert bien dosés, pour les bruyères roussies,

Du bleu et du blanc avec une pointe de noir et beaucoup d’eau

Pour un ciel délavé après la pluie ;

Et enfin pour rendre le tableau plus vivant,

Tu répartiras quelques taches de rose et de noir

Pour les stars des Aldudes ;

Et loin, vers les crêtes sommitales,

Tu dessineras les traces de vol plongeant et tourbillonnant

Des maîtres du ciel.

Voilà, le tableau est presque terminé,

N’oublie pas de le signer.

Le Raton

 

 

Récit de notre séjour, pas à pas

Ce 27 septembre, il n’est que 7h40…. Mais déjà, quelle énergie débordante au pied du bus ! Même le rangement des bagages, une corvée d’habitude fastidieuse, se transforme en un savant jeu d’emboitage sous l’œil attentif de notre chauffeur, courtois et serviable, Yves.

En un temps record, nous voilà prêts à partir. Serions-nous impatients de découvrir une des vallées les plus isolées du Pays Basque, la vallée des Aldudes au coeur de la Basse Navarre ?

Sous un ciel teinté d’un inquiétant camaïeu gris, Chantal et Bernard nous attendent à la frontière franco-espagnole, au col d’Ispéguy. Premier pique-nique à « la venta ». Première immersion linguistique locale. « Osasuna » !  Terme basque aux sonorités rocailleuses, aussi fédérateur que notre « tchin-tchin » gascon….Etait-ce bien sérieux ? Mais non ! Notre vocabulaire ne se limite pas à la gastronomie !

 »  ONGI ETORRI Aldudeko Ibarrerat »…..Autrement dit, « Bienvenue dans la vallée des Aldudes  » .

Est-ce alors une façon de nous accueillir avec un temps aussi hostile ? Faisant fi du risque de précipitations, nous pénétrons dans une hêtraie par un chemin pierreux ondulant entre bruyères et ajoncs. En toile de fond, le paysage brumeux s’atténue progressivement sous une épaisse écharpe de nuages… Quelques gouttes nous obligent à enfiler nos capes de pluie…Transformées en élégantes et…alertes chauves-souris multicolores nous tentons  de poursuivre courageusement notre vol jusqu’au sommet  d’Elhorrieta, mais, ailles alourdies par la pluie, nous y renonçons et préférons rejoindre rapidement notre hébergement,  Erreguina

Nichée sur les hauteurs de Banca, c’est une charmante auberge aménagée dans une ferme traditionnelle où nos hôtes s’appliqueront à nous faire découvrir la cuisine locale, de la truite de Banca au boudin sur son lit de piperade en passant par le fromage d’Ossau-Iraty et la joue de porc, bien sûr du Porc du Kintoa, ce « porc pie noir » typique de la vallée.

Après une rapide installation, nous découvrons Banca, avec ses maisons resplendissantes et fleuries, ses toits de tuiles roses, ses façades en torchis passées au lait de chaux contrastant avec le poutrage et les boiseries peintes le plus souvent en rouge brun, son clocher, ses vallons verdoyants où règnent sérénité et douceur de vivre, où le temps semble s’être arrêté. Chaque village a son fronton de pelote basque.  Ici, remarquable originalité, ce point de rendez-vous incontournable, est traversé par une route…. Aujourd’hui, point de « Pelotari » pour nous initier à ce sport indissociable de la culture basque.

Banca doit son nom à la remise en activité au XVIII ième des mines de cuivre déjà exploitées dans l’Antiquité. Vestiges du passé, un ancien haut fourneau au charbon de bois et les ruines d’une grande forge, une usine sidérurgique mise à feu en 1828 à l’emplacement  de l’ancienne fonderie de cuivre, se dressent, au bord de la Nive. Au coeur du bourg, le Centre d’Interprétation du Patrimoine présente une intéressante exposition retraçant l’activité minière et métallurgique du village. Aménagé dans un ancien gîte,  il offre…aussi… aux curieux une halte gourmande… Le piège !  Charmer les pédagogues qui sommeillent en nous et tenter les gourmands que nous sommes ! …Nous serons des « visiteurs » assidus à l’heure de l’apéritif. Le « Goxedari n’aura plus de secret, sauf peut-être la prononciation du nom de cet apéritif en basque, cette langue qui ne s’apparente à aucune des langues connues mortes ou vivantes, difficile à apprendre pour qui n’est pas né basque.

7 heures sonnent au clocher de l’église. Bientôt le départ vers le dernier village des Aldudes, Urepel, commune frontalière avec l’Espagne et porte d’entrée au Pays de Quint. Le village a gardé son charme, son authenticité. Bixente, notre guide, nous entraine vers les pentes des montagnes d’Errola et d’Otsamunho et nous en commente les particularités. Ce territoire indivis entre la France et l’Espagne appartient à la Haute Navarre, mais éleveurs et bergers de la vallée de Baïgorry bénéficient de  l’exploitation des pâturages. Aujourd’hui, le traité franco-espagnol de Bayonne de 1856 encadre cette particularité géopolitique, vestige de la rivalité navarraise historique.

Les sentes herbeuses longent les riches prairies où paissent les brebis « Manex » à têtes noires ou rousses et où de géantes lépiotes élevées semblent surveiller du haut de leurs frêles pieds la chaîne frontalière séparant la vallée des Aldudes du Baztan Navarrais. Ambitieuses coulemelles évincées par de magnifiques cèpes dénichés par nos mycologues chevronnés….

          Traversant la majestueuse hêtraie d’Hayra, la piste arrive au col de Mizpira. « Mizpira », le nom basque du néflier, le bois utilisé pour la fabrication des makilas, la canne basque baguée de cuivre et décorée à son extrémité, vers la pique. Bixente souligne que ce n’était pas une arme comme on le croit communément, mais l’aiguillon indispensable à ce peuple de pasteurs.

Des ballots de « fougère aigle » s’étendent sur le plateau. Pendant l’hiver, ils serviront de litière aux brebis de retour dans la vallée après la transhumance, tradition encore très ancrée au pays basque. La pratique agropastorale du fauchage de ce végétal façonne le paysage, le transforme en patchwork de couleurs et de formes entremêlées lui donnant son caractère et son identité bien singulière.

Plus loin, sur la crête, surgissent les palombières, cabanes métalliques fort peu esthétiques, mais indispensables à une activité de tradition séculaire, particulièrement affectionnée. Chaque année de nombreux chasseurs atteints de la « Fièvre bleue » investissent les lieux. Entre routes pastorales et hautes fougères, refuges des pottoks, ces petits chevaux rustiques vivant en semi-liberté,  nous redescendons vers la vallée…..mais ce n’est que plus loin….beaucoup plus loin, que nous apercevrons le clocher de Banca.

Une bonne nuit s’imposait avant d’affronter le lendemain la randonnée. Nous partons des Aldudes. « Les Aldudes », joli petit village dont le nom signifie, « Chemin des Hauteurs »! Les hauteurs ! Elles offrent une très belle vue sur cette vallée qui s’étire le long de la Nive où évolue la fameuse truite. Encore fallait-il franchir le dénivelé par ce chemin redoutablement abrupt ! Bixente nous avait avertis, « ce sera difficile mais de courte durée »… Il avait raison…cette fois-ci… Le sentier s’élève entre forêts de hêtres et fougeraies jusqu’au col de Berdaritz, jonction entre Le Bastan et les Aldudes, lieu de passage de différents réseaux d’évasion durant la guerre civile espagnole et la deuxième guerre mondiale.

Par un itinéraire toujours aussi enchanteur, nous arrivons au col de Belaun :  dans un décor féerique hérissé de rochers, s’envolant de leur reposoir, une colonie de vautours nous offre un grandiose ballet aérien. Majestueux, caressant le ciel avec virtuosité, ils planent inlassablement…Plus de 1000 couples sont recensés dans le pays basque, précise notre guide, une importante implantation favorisée par l’agropastoralisme.

Par des pentes herbeuses nous suivons la ligne des crêtes frontalières ; à l’horizon, ce paysage en damier entre fougères rousses et vertes prairies où l’on devine un habitat dispersé. Sous les encouragements de Bixente, nous arrivons au sommet de l’Arguibel à 991 mètres, un simple tas de gros blocs sommitaux…Hésitants, devant une météo incertaine, nous ne poursuivrons pas jusqu’à « l’Harrikulunka », la célèbre pierre qui bouge….L’heure du retour a d’ailleurs sonné, il est temps de rejoindre Marcelle et ses protégés …Installés au café du village, ils nous attendent patiemment, au chaud. Les veinards ! Ils arriveront, en bus, un peu plus tard, nous laissant le temps de visiter l’église d’Urepel, un édifice datant du milieu du 19 iéme avec ses deux étages de galeries en bois sculpté, typique de l’organisation des églises basques.

Comment  terminer notre séjour sans une escapade « oenotouristique » ? La visite d’Irouléguy, lieu de production de l’unique vin basque classé AOC depuis 1970 s’imposait. Se faufilant au milieu de châtaigniers, un chemin nous conduit à Menta. Lentement, le soleil émerge de la brume matinale dévoilant les reliefs de l’arrière pays et les vignes aménagées en terrasses, des vignes à perte de vue. Le ruisseau de Guermiette par son doux clapotis nous invite à poursuivre notre route entre prairies et sillons de ceps rectilignes…Mais pas un seul agriculteur disponible en cette période de vendanges pour nous faire goûter ce vin d’exception, l’Irouléguy….Heureusement, notre breuvage de  » Plaimont » nous attend pour agrémenter le repas ….Un  brin chauvins, non, ces gersois qui osent amener leur précieux nectar au coeur de cette contrée viticole? Chauvins, peut-être. Prévoyants, certainement.

Dernière halte de notre itinéraire, Saint Jean Pied de Port, cité médiévale fortifiée, capitale de la Basse Navarre. Au pied du col de Roncevaux, connu de  très bonne heure puisque s’y déroulent les événements de notre chanson de geste nationale. La ville est la dernière étape sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle avant la traversée des Pyrénées. Dès sa fondation, à la fin du XII ième, l’histoire et la vie de la cité sont rythmées par cette position frontalière défendue par le royaume de Navarre avec l’édification d’une forteresse au sommet de la colline de Mendiguren. A l’emplacement de cet ancien château médiéval se dresse la  » Cidatelle » construite vers 1625-1627, remaniée par Vauban en 1685.La vieille ville du XV iéme n’est qu’une rue en pente en prolongement de la rue de la citadelle. En aucun point on ne peut y pénétrer sans passer  sous une porte fortifiée.

Là, s’arrêtent nos pérégrinations sur « Notre Route des Pyrénées »…De l’Est à l’Ouest, de la Méditerranée aux confins de l’Océan, de Cerbère à Saint Jean Pied de Port,….les souvenirs défilent…

C’était la joie des pique-niques gourmands au bord des lacs ou au sommet des pics majestueux gardiens des vastes plaines. C’était la rencontre avec nos accompagnateurs en montagne fiers de leur région, soucieux de nous faire connaître leur patrimoine.

C’était le plaisir de flâner, de se laisser émerveiller par ces paradis couleur nature.

D’inoubliables séjours soigneusement préparés par nos deux dévouées et admirables fées « Clochette » , Marcelle et Monique. Imaginons-les, munies de leur baguette magique, survolant une carte de France à la recherche de nouvelles destinations ? « Am – Stram – Gram » …Là, ne serait-ce pas un lieu idyllique pensent-elles ?… Le programme 2022 nous sera-t-il bientôt révélé ?

CHD

Galerie : le col d’Ispeguy sous ……un peu de pluie !

Galerie : traversée Urepel Banca  sous ….le soleil !

« 2 de 2 »

Galerie : Aldudes et Irouleguy dans les vignes ensoleillées

« 2 de 2 »

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.