Une journée toulousaine

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Une journée toulousaine

Jeudi 10 mars, 8 h du matin, c’est le départ de la gare d’Auch à destination de Toulouse pour le groupe de 22 personnes.

Au programme : visite guidée « Sur les pas de Claude Nougaro, et l’après-midi visite guidée de l’exposition « Arts de l’Islam, un passé pour un présent » au Musée des Arts Précieux Paul Dupuy.

9 h 30, après un voyage qui nous a permis de découvrir la nouvelle 4 voies de Gimont, nous arrivons à Toulouse en avance, ce qui nous permet de prendre un petit café à Compans-Caffarelli.

10 h, nous retrouvons notre guide, pas de chance, elle est aphone et son micro ne marche pas !

Néanmoins nous commençons la visite devant la maison où est né en septembre 1929 Claude Nougaro, d’un père chanteur lyrique et d’une mère pianiste. Dans ce quartier des Minimes (du nom d’un ordre religieux installé là), il passera son enfance et une partie de son adolescence avant de rejoindre ses parents à Paris. Il effectuera son service militaire de 18 mois au Maroc dont 10 passés au cachot !

Nous traversons la Place Arnaud Bernard et parcourons les rues de cet ancien quartier populaire du centre-ville, devenu depuis un carrefour culturel en voie de gentrification , grâce à des travaux de rénovation et fleurissement.

 

La basilique Saint Sernin (déformation de Saturnin) est désormais mise en valeur, la place ayant été réaménagée et dégagée des voitures. Cet édifice, le plus grand des constructions romanes, 115 m de long sur 64 de large, constituait une étape importante sur le chemin de Saint Jacques à 1000 km de là. Claude Nougaro, dans sa célèbre chanson consacrée à sa ville évoque « cette fleur de corail » faite de briques et de pierres et dotée d’un clocher de plusieurs étages.

La rue du Taur, dont le nom rappelle le martyre subi par Saint Sernin attaché à la queue d’un taureau, est une rue piétonne très animée, elle possède une église du XIV ème siècle Notre Dame du Taur, toute en briques, avec un clocher-mur typique de la région. La guide évoque alors le surnom du chanteur « petit taureau » du fait de sa taille, 1,62 mais sans doute aussi son goût pour « la castagne » comme les mémés de la chanson « Toulouse ». On trouve dans cette rue la 2ème cinémathèque de France après Paris, riche de 20 000 films, située dans l’ancien collège de l’Esquille.

 

 

Arrivés place du Capitole, nous passons sous « la galerie des Arcades », composée de 29 caissons peints par Raymond Moretti, qui évoquent les hauts faits de l’histoire de la ville rose ainsi que ses personnages les plus illustres dont Claude Nougaro. Le Capitole est le siège de la municipalité depuis le XIIème siècle, les 8 capitouls chargés de son administration sont symbolisés par les 8 colonnes de marbre rose de la façade.

A l’arrière, dans le square Charles de Gaulle, nous faisons une halte devant la statue du chanteur, posée à même le sol, œuvre de Sébastien Langloÿs, et qui a été mise en place 10 ans après sa mort.

Son nom a été donné à une station de métro et à un jardin du quartier des Minimes.

Après avoir commencé sa carrière en lisant des poèmes au Lapin Agile à Montmartre, cet auteur compositeur pour Marcel Amont ou Philippe Clay, est devenu l’interprète de ses propres chansons à partir des années 60 avec « une petite fille » et Cécile ».

Il remporte avec son album « Nougayork » en 1988 une victoire de la musique et le titre de meilleur interprète masculin. Amoureux du jazz et des rythmes latinos, il va pendant une trentaine d’années multiplier les succès, mais sa santé décline et en mars 2004, il décède d’un cancer. 10 000 personnes assisteront à ses obsèques à Saint Sernin, et ses cendres seront dispersées dans la Garonne. Là s’arrête le parcours Claude Nougaro.

Nous poursuivons notre chemin rue Alsace et rue du Languedoc jusqu’à la Place Mage « carrièra Mager des afachadors » (merci au chauffeur du bus qui a été le seul à nous donner le sens du mot : boucher), où nous sommes attendus pour le repas. Celui-ci fut original, joliment présenté et bon avec, en entrée, des produits de la mer suivis d’un morceau de pintade aux petits légumes et d’un millas décoré de kumquats.

Avant de nous rendre au musée Paul Dupuy, ayant un peu d’avance, nous faisons une petite visite de la cathédrale Saint Etienne, de style hétéroclite, romane à ses débuts puis gothique ; sa construction s’est étalée sur près de six siècles, Pierre Paul Riquet, du Canal du Midi y repose. Sur la place, le mémorial du cardinal Saliège, lequel en août 1942, au moment de « la chasse aux juifs » lancée par le régime de Vichy, a pris position en faveur des Juifs « qui font partie du genre humain, ils sont nos frères… » dans une lettre adressée aux prêtres du diocèse.

Nous nous dirigeons ensuite vers le musée Paul DUPUY du nom du collectionneur fils d’un négociant en cornichons qui, au début du XXème siècle a rassemblé dans cet hôtel particulier du XVIIème ses objets d’art décoratif, la collection d’horlogerie (la 3ème du monde ?) Mais le musée étant en travaux, nous ne pourrons pas l’admirer.

L’exposition « Arts de l’islam, un passé pour un présent » est une des 18 expositions présentées dans 18 villes de l’hexagone avec, pour chaque ville, 10 œuvres d’exception que nous fait découvrir notre jeune et compétente guide.

Pour commencer, une carte qui donne une idée de l’expansion du monde islamique et une vidéo illustrant quelques bâtiments typiques de sept villes de ce monde.

La 1ère œuvre est la chasuble de Saint Exupère qui provient de Saint Sernin. Tissée en Espagne au XIIème siècle, elle est faite de soie, de fils d’argent et d’or avec des représentations de paons et de versets du Coran.

Le Cor dit de Roland, sculpté dans une défense d’éléphant et décoré d’animaux, de lions principalement, provient du sud de l’Italie. Il fait partie lui aussi du trésor de la basilique Saint Sernin. (le musée d’Auch en possède un semblable).

Du XIIIème siècle, venu de Marrakech, l’exposition présente un très bel astrolabe signé du nom de son fabricant. Cet instrument inventé par les Grecs permettait de calculer l’heure et de connaître son orientation, le musée en est le propriétaire.

La cuirasse à miroirs datée du XVIIIème provient d’Inde ou de Perse, en acier damassé, elle possède un décor incisé de fleurs et d’inscriptions coraniques.

Le portrait de Mustafa II est aussi du XVIIIème, la représentation humaine n’est donc pas interdite dans la religion islamique contrairement à ce que l’on entend dire. Le sultan turc est assis, jambes croisées, les 4 membres de son entourage, eux sont debout, il est vêtu d’une armure pour nous rappeler son rôle de grand guerrier. Le peintre Levni a signé son tableau dissimulant son nom sous les pieds du souverain en signe de respect.

Du XVIII ou XIXème, on a aussi un rouleau manuscrit de 2 mètres de long que l’on portait sur soi comme talisman. Les 99 noms de Dieu y sont calligraphiés dans des cercles ornés ainsi que ceux de Mahomet et de ses 4 successeurs.

Enfin 3 coupes sont présentées : une en céramique à l’oiseau de la fin du XIIème, originaire d’Iran, la 2ème d’Iran encore mais du XIIIème, avec un décor fait de personnages et de cavaliers, dite « céramique aux 7 couleurs » et pour finir, un plat circulaire venu d’Espagne du XV ou XVIème , de  faïence aux reflets dorés, avec en son centre un blason pluriel fait de ceux d’Aragon, Castille et Léon, trois royaumes qui se sont associés pour la reconquête du royaume occupé par les Arabes.

A 17 h nous quittons le musée pour rejoindre sous une petite averse, le car garé au Grand Rond. Il nous faudra plus d’une heure pour sortir de la ville et une heure de plus pour rejoindre à 19 h Auch.

Un grand merci aux organisateurs de cette journée toulousaine pour cette visite aussi agréable qu’instructive et, de retour chez vous, écoutez Claude Nougaro !

Geneviève Farret.

 

  1. B J

    Quel plaisir de se plonger dans ces quartiers de Toulouse où Nougaro a laissé quelques traces avec des commentaires riches en détails oubliés ou découverts . Le compte-rendu de l’exposition des Arts de l’Islam invite à se rendre au Musée. Malheureusement il est trop tard ; cet article avec ses superbes photos et galeries en est d’autant plus intéressant. Bravo et merci à la rédactrice et aux photographes.

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